Il y a quelques mois, j’ai été sollicitée pour « voir si je pourrais faire quelque chose » avec des dizaines et des dizaines de lettres écrites durant la Seconde Guerre mondiale par trois soldats à une jeune femme, Luce. Ces lettres, précieusement conservées durant toutes ces années, ont donné lieu à l’écriture d’un ouvrage « Correspondances amoureuses de Luce » accueilli avec beaucoup d’émotion par la fille et les petites-filles de Luce.
Extrait :
Tiens, tu brûleras ça dans ton jardin quand tu feras un feu !
Ces quelques* mots, c’est toi qui les prononces un jour de 2021 lors d’une de tes visites à la maison. Ça, ce sont quelque* deux cents lettres écrites durant les années 40 par les « amoureux » de Luce, ta maman, et dont tu veux désormais te débarrasser pour gagner de la place. […]
On partage avec chaque correspondant de Luce l’attente d’une lettre et le guet du vaguemestre, la joie lorsque le courrier tant espéré arrive enfin mais aussi la déception, la tristesse, l’inquiétude même quand une lettre attendue tarde… Jacky l’écrit d’ailleurs clairement le 15 septembre 1940 à Luce : Je sais trop combien une lettre qui n’arrive pas lorsqu’on l’attend peut faire souffrir, peut torturer un cœur et le 22 mai 1941 : Tu dois savoir toi-même ce que c’est que d’attendre un mot de quelqu’un que l’on aime… Combien cette impatience redouble à mesure que les jours passent et que de déceptions nous apporte le facteur quand il arrive avec rien ! On en prend difficilement son parti…
* Voir billet concernant l’emploi de « quelque » ou « quelques »